Le spectacle Cru d'automne des danseurs de 3e année fera découvrir la nouvelle création de Lucy May. L'interprète, chorégraphe, auteure et diplômée de l'EDCM répond à trois de nos questions :
– EDCM : Pourquoi bouges-tu?
– LM : Je bouge parce que le mouvement est la vie. Le mouvement est un façon de penser le monde, de rallier à moi-même mes expériences, mes sensations, mes histoires, fantasmes, mythologies particulières à notre collectivité – la collectivité humaine, la collectivité du tout – l’anima cellulaire et atomique qui vibre partout dans l’univers, dans toutes les objets, créatures et substances. Je bouge parce que cela me donne du plaisir – à être dans des états de sensation et à être en contact – car le mouvement me rallie à des communautés, me rappelle mon interdépendance aux autres – car le mouvement rallie le petit au grand, le particulier à l’universel, vice-versa. Je bouge parce que je peux me perdre dans le mouvement, ne plus savoir, et me retrouver ailleurs complètement fascinée et, j’espère, plus ouverte.
– EDCM : Quelle est ta plus grande source d’inspiration en période de création?
– LM : La zone grise entre la réalité et la hyper-réalité… Je me retrouve à vouloir inter-croiser ce qui existe avec ce qui pourrait exister, à relier la matière charnue banale avec mes hyperliens cérébraux, mes hallucinations, les dialogues et grandes idées qui circulent dans le monde… Un kaleïdoscope de possibilités parvient de tous les sens – de l’Internet, des symboles culturels, des objets, de la nature, des mouvements et des discours-géniaux-spontanés de mes collaborateurs qui est une pseudo-science en soi. Le processus de filtrer tout cela à travers la particularité de ces contraintes, de ces corps et ce contexte de création – le jeu de faire ses choix et d’imaginer ces juxtapositions me réveillent la nuit.
– EDCM : En un mot, c’est quoi la danse pour toi?
– LM : La danse…oh boy. La danse, c'est peut-être tout. Chaque possibilité. Un endroit où le futur et le passé s'effondrent l'un dans l'autre.
Photo : Michael Slobodian
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