À l’École de danse contemporaine de Montréal, les étudiants présentent des spectacles tout au long de la formation en vue d’acquérir une expérience scénique. Ils ont l’opportunité de vivre plusieurs processus de création tous différents les uns des autres. Il existe autant de chorégraphies qu’il y a de chemins pour créer une pièce. Chaque fois qu’un chorégraphe vient en résidence de création, nous avons accès à une petite partie de son univers.
Cet automne, c’est le chorégraphe basé à Toronto, Darryl Tracy, qui nous a ouvert la porte de son imagination.
Dès son arrivée, Darryl a bien pris le temps de nous connaître et nous a demandé ce que nous attendions de la pièce qu’il allait créer pour et avec nous. Par la suite, il a partagé son idée de base et avons réalisé plusieurs improvisations qui incluaient certaines contraintes. Dans plusieurs processus, l’improvisation de groupe ou individuelle est souvent utilisée pour trouver de nouveaux mouvements, mais aussi pour faire émerger différentes qualités de corps. Puisque c’est une création, et non une pièce de répertoire, il s’agit de créer des mouvements par nous-mêmes sous certaines consignes. Par moment, Darryl a aussi choisi d’inventer quelques séquences. Ce qui était plaisant dans ce processus, c’est que tout le monde avait l’occasion de proposer ses idées et toutes étaient prises en considération.
En vue de générer du matériel, le chorégraphe a également utilisé un jeu de cartes, un autre moyen de proposer des jeux de création. Le chiffre de la carte qui était tiré au hasard indiquait la durée d’une séquence de mouvements que nous devions créer. Après avoir réitéré l’opération de manière consécutive, chacun des danseurs détenait son propre enchaînement. Le chorégraphe a pu travailler avec et y apporter quelques modifications, dans l’énergie d’exécution notamment, afin que cela soit cohérent pour tout le groupe.
Pour cette pièce, six interprètes, incluant moi-même, avons appris un court extrait de répertoire de Darryl sur vidéo. Toute une contrainte que de devoir reproduire une chorégraphie avec un effet miroir! C’est un exercice qui fait travailler sur soi-même. J’ai dû faire preuve de patience, être autodidacte et collaborer en équipe. C’est toujours gratifiant de réussir un défi au final.
Après toutes les improvisations, les jeux de création et l’apprentissage par vidéo, nous avions de nombreux petits bouts de chorégraphies avec lesquels nous tachions de trouver un ordre. Après moult essais-erreurs, l’ordre atteint nous semblait parfait. Il s’agissait désormais de créer des transitions entre les parties pour que la pièce soit complète.
Tout cela est seulement une mince partie du travail que nous avons effectué avec Darryl, car la musique, les éclairages et les costumes restent à définir. À cette étape-ci, d’autres collaborateurs viennent en studio et proposent des idées pour finaliser la création, de concert avec le chorégraphe. Suite au temps de création passé avec Darryl, de nombreuses heures sont allouées aux répétitions en studio dans l’objectif de peaufiner le mouvement et les intentions dans chacune des parties composées.
Au final, j’ai définitivement la preuve qu’une œuvre est teintée de la perception de plusieurs personnes, autant celle du chorégraphe, que de la personne en charge des répétitions, que des interprètes, des concepteurs et même du public.
– Klaudy Gardner, étudiante en 2e année à l'EDCM
/// Dans la rubrique Vie étudiante, les étudiant.es en danse contemporaine à l'EDCM prennent la plume : l'occasion de découvrir différents points de vue et sujets en lien avec la formation professionnelle, le quotidien des jeunes artistes et la vie à Montréal. ///
Photo : Klaudy Gardner