AU BOUT DE SON RÊVE
« Quand je serai grande, je serai une grande danseuse! » Voici la phrase écrite dans mon journal intime à l’aube de mes six ans. Cela faisait à peine un an que j’avais commencé à danser et mon rêve semblait déjà se concrétiser dans ma tête. Aujourd’hui, douze ans après mes débuts dans cet art, mon rêve est toujours le même et j’avance pas à pas vers lui. J’ai commencé la danse à l’âge de cinq ans dans un studio près de chez moi et depuis je n’ai jamais arrêté. C’est à cet endroit que j’ai découvert que la danse ne serait pas seulement un passe-temps, mais une grande passion pour moi. Je rêvais sans cesse de beaux tutus, de pointes, de danser pour des productions d’envergure telle que le Casse-Noisette, de faire partie de compagnies professionnelles, d’avoir une souplesse et une force incroyable, être reconnue pour mon talent, faire le tour du monde grâce à ma passion… Puis les années passant, j’ai eu l’occasion de faire partie de grandes productions, j’ai participé au sein de diverses compétitions, j’ai fait mon secondaire dans un formidable programme de danse… J’ai cumulé les expériences mais aussi les sacrifices. Consacrer sa vie à la danse, ce n’est pas de tout repos, ni même pour ma famille. Ce sont des journées entières de répétition, des semaines à ne pas avoir beaucoup de sommeil dû à de nombreuses représentations, c’est se dépasser sans cesse, c’est toujours donner son 100% sans hésitation, etc. Cela m’a demandé beaucoup de rigueur, de détermination, de courage, de persévérance. Toutefois, le même rêve qui me hantait depuis mes débuts continuait de tracer mon chemin, ma voie à moi. Dans cette logique, j’ai décidé d’entamer des études professionnelles pour en faire mon métier. J’étais désormais dans une école qui formait à la carrière d’interprète et c’est ce que je souhaite réaliser à la fin de ma troisième année de formation à l’École de danse contemporaine de Montréal. J’ai rapidement pris conscience de la chance que j’avais de me trouver en ces murs. J’ai mis les pieds pour la première fois dans cette école il y a à peine quelques mois, et je m’y sens déjà à ma place, chez moi. Il faut le dire, l’arrivée à l’école a nécessité une grande adaptation pour moi. Il est vrai que passer d’élève de secondaire à jeune artiste dans un programme professionnel constitue un changement notable. Avant tout, je tâche d’éliminer certaines habitudes qui s’étaient incrustées dans mon corps. Je réapprends à bouger différemment, à placer et soutenir mon corps d’une autre façon tout en me détachant de mon apprentissage jusqu’alors très classique. Cela nécessite également de réapprendre certaines bases que je croyais acquises. Cela m’amène à comprendre d’où vient ma respiration afin de bien l’utiliser dans ma danse. Cette adaptation, consiste également à plonger sans hésitation et sans crainte dans ce gros horaire qui semble inquiétant et excitant à la fois : de 8 h à 18 h, et ce tous les jours de la semaine. Cette période d’adaptation m’a amené à réfléchir sur mon but initial. Une décennie après mes débuts en danse, que signifie pour moi aujourd’hui être une grande danseuse ? Définitivement, je n’ai plus la même réponse qu’autrefois. La réponse est même beaucoup plus complexe à trouver. À ce jour, je comprends qu’il est important pour moi d’être passionnée par ce que je fais. Danser professionnellement, ce n’est pas un métier comme les autres. C’est difficile autant physiquement que mentalement, se dépasser sans cesse et se donner corps et âme quotidiennement. Sans la passion dans ma vie, ce serait tout à fait impossible. L’École de danse contemporaine de Montréal représente pour moi un chemin me permettant de me rapprocher de mon rêve d’enfant, qui continue sans cesse de murir en moi. Débutant à peine au sein de la formation, je sais que ma vision du métier va continuer de s’affiner, de se clarifier. J’en profite pour remercier mes collègues et mes enseignants, qui m’aident immensément à travers mon cheminement. J’ai hâte de découvrir où ce voyage me mènera. – Rosalie Lamoureux, étudiante de première année /// Dans la rubrique Vie étudiante, les étudiant.es en danse contemporaine à l’EDCM prennent la plume : l’occasion de découvrir différents points de vue et sujets en lien avec la formation professionnelle, le quotidien des jeunes artistes et la vie à Montréal. /// Photo : Anne-Sophie Héroux |