Gérer son stress avant une représentation
Faire et refaire Je stresse assez fréquemment, notamment quand je monte sur scène mais aussi quand je pense à mon corps ou quand je pense à ma danse. Ces actions sont celles que je me répète lorsque je perds le contrôle ou quand je veux diminuer mon stress avant une représentation. En tant qu’artiste, je pense que nous sommes souvent confrontés à des évènements angoissants. Il y a le stress des auditions, le stress des représentations, mais il y a aussi le stress mental qui concernerait plutôt l’aspect physique ou l’image qu’on projette à travers sa danse. Le stress peut être bénéfique à certains moments mais il peut aussi être très néfaste. Il arrive au moment où l’on s’y attend le moins, ou plutôt au moment où on l’attend le moins. Mais c’est incontrôlable. Il s’installe petit à petit et c’est trop tard, il est déjà là. Jusqu’à présent je pensais qu’il était ingérable tout comme les conséquences qu’il entraîne : maux de ventre, tremblements, afflux d’émotions, perte de ses appuis, perte de mémoires, et le pire de tout, les questions qui fusent sans s’arrêter : Suis-je assez prête? Suis-je capable? Ai-je assez répété ma chorégraphie? Pour ma part, ce sont vraiment ces questions qui me créent une angoisse constante et qui viennent atteindre ma danse. Ces incertitudes qui donnent l’impression que les personnes qui te regardent le lisent à travers tes yeux ou à travers ton mouvement. Mais c’est faux ce n’est qu’une illusion. J’ai ressenti il y a peu de temps, durant l’apprentissage des coachings, un stress que je n’avais jamais ressenti auparavant. Les répétitions venaient de débuter et je me sentais déjà stressée. Plus le temps avançait et plus je me disais que ça passerait. C’est alors que le décompte jusqu’à la date de présentation arriva à échéance. Je n’avais plus le choix que de danser. L’envie de pleurer monta, et ce, deux minutes avant d’être devant la caméra. Que faire? Répéter encore, respirer, évacuer la pression dans mon diaphragme et y aller. Une fois en scène ce fut incroyable, mes jambes m’ont accompagné, ma tête était seulement présente au service de mon corps et mon mouvement était présent pour l’espace qu’il remplissait. C’était tellement satisfaisant de simplement faire confiance à son esprit et à son corps, réussir à lâcher prise tout en gardant le contrôle sur la chorégraphie. Je pense avoir généré une forte dose de stress à cet instant précis car je ne m’en croyais pas capable. J’ai tendance à toujours trouver les autres interprètes magnifiques et à admirer leurs danses comme jamais je n’arrive à admirer la mienne. Mais danser devant un public, c’est se mettre à nu à travers une chorégraphie qui en tant qu’interprète ne vient pas de nous, mais que nous nous approprions afin de pouvoir transmettre ce que le.la chorégraphe a voulu communiquer à travers nous. Alors si l’on ne croit pas nous-mêmes en notre mouvement, il est difficile de l’incarner pour les autres. De mon côté, le stress est énormément relié à la confiance. Et pour avoir confiance il faut d’abord inscrire la chorégraphie dans notre tête, puis dans notre système musculaire. Ensuite il est nécessaire d’abandonner notre esprit en vue de l’insérer totalement dans notre danse et non pas dans des questions inutiles. Il s’agit de « lâcher prise et se concentrer seulement sur le mouvement afin d’éliminer ces pensées qui traversent l’esprit », tel que me l’a évoqué l’enseignant Marc Boivin en ce début d’année. Pour conclure je pense que le stress n’est pas mauvais, il le devient si l’on ne parvient pas à le contrôler. Il faut le prendre, l’accepter et faire avec. Je pense que j’ai encore du travail sur moi-même à effectuer afin de contrôler ce « mauvais stress » et je commence seulement à comprendre comment y parvenir. Que cela soit avec l’équanimité, un terme que j’ai découvert suite à notre rencontre avec le chorégraphe José Navas, qui signifie qu’il faut se laisser traverser par les choses et les accepter ; ou alors grâce aux bienfaits de la méditation que je continue d’approfondir grâce aux enseignements proposés à l’École de danse contemporaine de Montréal. – Clémence Dinard, étudiante de deuxième année /// Dans la rubrique Vie étudiante, les étudiant.es en danse contemporaine à l’EDCM prennent la plume : l’occasion de découvrir différents points de vue et sujets en lien avec la formation professionnelle, le quotidien des jeunes artistes et la vie à Montréal. /// Photo : Ariane Famelart | Interprète : Clémence Dinard |