La cohorte de première année à l’ère covidienne
Quand la pandémie du COVID-19 a frappé, nous, futurs étudiants de première année, venions de passer notre dernière audition. Venant de différents pays, nos liens multiculturels étaient déjà tissés. Moins d’une semaine séparait ces trois jours intensifs d’audition et la déclaration du gouvernement face à cet ennemi redoutable. À peine quelques jours de confinement et la plupart d’entre nous recevions notre acceptation à l’EDCM. Une bonne nouvelle parmi les mauvaises qui envahissaient la société. Nous nous écrivions pour nous connaître et échangions sur l’espoir de nous retrouver tous à l’automne 2020 afin de commencer une année de formation post-pandémie. Nous vivions dans la hâte de nous rencontrer. De mars à septembre, nous nous sommes encouragés et avons espéré. De Montréal à Paris, en passant par Avignon, Lyon et Bruxelles, nous correspondions. Les montagnes de papiers que bon nombre d’entre nous devaient remplir étaient interminables. Arriver dans un nouveau pays était déjà un défi, alors arriver dans un nouveau pays en contexte de pandémie était un exploit. Je n’ai d’ailleurs jamais autant apprécié d’être née ici! À la rentrée, nous étions finalement tous de même citoyenneté et séparés en deux groupes. Une cohorte incomplète, fractionnée et dansant dans des carrés tracés sur le sol des studios pour permettre une distanciation sociale. Des rubans de couleurs primaires qui forment notre espace de liberté. Des frontières colorées qui nous séparent physiquement, mais des frontières beaucoup moins grandes que celles qui nous séparent de nos camarades internationaux. Ceux-ci ne viendront pas cette année. Tout était trop compliqué, même si tout le monde avait tout donné. Le fameux permis d’études n’était pas arrivé. Ce fut un deuil après tout ce temps à avoir tant attendu notre première rencontre. Cependant, ce n’est que partie remise à l’an prochain, un retour qui sera grandement fêté. Nous sommes quatorze, sept par classe. Après quelques semaines, nous sommes déjà liés. Une liaison forte qui prouve notre solidarité. Nous avons la chance de danser, nous avons la chance de progresser dans des classes presque privées. Les professeurs nous sont totalement dévoués. Les studios carrelés sont notre maison, notre espace d’apprentissage et de développement personnel. Nos sourires sont peut-être masqués, mais les expressions de nos yeux reflètent les émotions cachées. Ces profondes émotions qui se dissimulent dans le regard d’une personne. La peur du confinement, la joie de danser presque librement, l’inquiétude d’amener le virus à l’école. Je vous dis, le masque permet parfois de les dévoiler, tellement les yeux sont les seules parties du visage à regarder. Nous ne vivrons peut-être pas l’expérience d’être un grand groupe cette année, mais notre singularité nous rendra plus forts et réceptifs. Nous ne savons rien de ce qui nous arrivera dans les prochains jours, semaines et mois, car la situation de crise est hors de notre contrôle. Cependant, nous reconnaissons et savourons encore plus le temps passé en studio et en groupe. Nous nous accrochons ensemble, mais séparés, une devise qui est devenue notre nouvelle réalité. Nous ne nions pas le stress d’une future fermeture en raison de l’attente d’un test positif, mais nous préférons ne pas trop en parler. Nous devons garder le cap dans une ère covidienne qui ne cesse de se prolonger. La cohorte 2020-2023 aura eu un début assez mouvementé, mais une fin, je l’espère, toute en beauté. – Meggie Cloutier-Hamel, étudiante de première année /// Dans la rubrique Vie étudiante, les étudiant.es en danse contemporaine à l’EDCM prennent la plume : l’occasion de découvrir différents points de vue et sujets en lien avec la formation professionnelle, le quotidien des jeunes artistes et la vie à Montréal. ///
Photo : Chantale Hamel |